samedi 31 décembre 2011

Du sang séché au bord du rêve II

Jessica Lange




Anouk Aimée





Arletty





John Cassavetes





Clark Gable





Danielle Darrieux





David lean





Fanny Ardant





Francis Ford Coppola





Françoise Dorléac





Gene Kelly





Gloria Swanson





Ida Lupino





Jack Smith





James Gray





Jean Marais





Jean Claude Brialy





Jeanne Moreau





Joaquin Phoenix





kristen Stewart





Lucia Puenzo





Maggie Cheung





Maya Deren





Mervyn Leroy





Monica Vitti





Pedro Almodovar





Rita Hayworth





Robert De Niro





Scarlett Johansson





Sofia Coppola





Stanley Kubrick





Steve McQueen





Luchino Visconti





Wong Kar Wai

mardi 6 décembre 2011

Vagina Monster


Merci à Stéphane Massa-Bidal pour cette sublime animation


Il faut bien que quelque chose saigne. Mon sang que je n'ai pas versé coule lorsque je tourne. C'est peut être un hasard mais il me plait à croire que ça ne l'est pas. Et je m'enorgueillis même d'écrire et de filmer avec ce sang impur. 

J'appartiens au sexe faible, celui qui est monstrueux. Le sexe caché qui effraie parfois celles qui le portent. Certaines ne sachant pas à quoi il ressemble, d'autres allant jusqu'à vouloir le faire refaire. La modernité c'est épatant. J'appartiens au sexe fascinant. Celui qui éblouit et terrifie. Comme une nuit d'hiver dans un bois isolé. Du sang entre les jambes. Parce que c'est de cela aussi dont il est question. Sortir des genres et de ce que l'on nomme communément dégoutant. Devenir une femme c'est avoir ses règles. Et selon l'âge auquel elles arrivent c'est franchement affolant. Parce que ce sang, à cet endroit là, devient vite culpabilisant.

Mais devenir une femme c'est devenir libre. Etre celle que l'on a choisi d'être. On nous a tellement dit ce que devait être une femme ( et malheureusement on nous le dit toujours encore ) qu'il ne devrait plus nous rester qu'à choisir voir inventer. Enfant, je voulais être un garçon parce que je les trouvais plus libres. Je me suis rendu compte que je m'étais construite sur des référants masculins, que toute idée de féminité avait été véhiculée par des hommes. Il aura vraiment fallu attendre le XXème siècle pour que la parole féminine s'exprime. Je veux dire par là que tous les romans que j'ai lu adolescente, que toutes les peintures, les films, étaient principalement faits par des hommes. C'est peut être aussi pour cela que je m'identifiais plus au héros qu'à l'héroine. Même s'il y avait des héroïnes "fortes" cela est forcément différent. Au fond choisir entre la Bovary ou Marguerite Gauthier c'est finalement la même chose...

Le cinéma a considérablement changé les choses. Je trouve que c'est l'art le plus féminin qu'il soit. Même s'il est toujours pratiqué en majeur partie par des hommes, ( et au fond ce n'est pas vraiment un problème ) c'est l'art qui a donné le plus la parole aux femmes, qui a véhiculé les images féminines les plus révolutionnaires. Au début il y eut les actrices. Ces créatures hypnotisantes. Mieux que des femmes. Mais des femmes tout de même. Ah les actrices ! J'ai voulu devenir une femme grâce aux actrices. J'entends déjà les hurlements gronder, insistant sur le caractère futile et machiste d'une telle remarque. Peut être parce que les actrices sont belles. Peut être parce que l'on ne pardonne jamais à une femme de ne pas l'être. Peut être parce que l'on ne voit la dedans encore que le statut de la femme objet. Peut être tout simplement parce qu'elles renvoient une image de la féminité ancestrale, de la fille aux cheveux longs, maquillée, jupe et talons. Sous entendu artifice pour séduire un homme. Evidemment pour ces personnes la coquetterie n'a été inventé que dans un but de séduction. Et c'est fort dommage. Parce que cela reviendrait à dire qu'une femme belle serait forcément bête. Or je connais des moches vraiment stupides. Une femme belle et intelligente serait juste un monstre dangereux parce que redoutable.

C'est ce qu'il se passe actuellement, et les féministes s'entretuent. Parce que les femmes ont pris possession de leur corps et de leurs images et qu'elles s'affranchissent des idées reçues. C'est tout de même ballot pour des féministes de se faire la guerre pour ce progrès. Prenons l'exemple du burlesque. On reproche souvent aux performeuses de se dévêtir, d'user de tous les artifices de séductions de nos grands mères, de réduire les femmes à un corps. Et quoi ! Est ce si dur de penser que ce corps féminin est libre ? Qu'il n'y a aucun homme derrière ? Pourquoi est ce si inconcevable de voir  qu'une femme décide de créer sa propre image ? Il faut remettre les choses dans leur contexte avec le burlesque : ( je déplore qu'une partie de la  scène parisienne l'ait rendu si français et peu subversif, mais c'est un autre débat. ) ce que l'on appelle le new burlesque est apparut aux états unis dans les années 90, principalement dans les mouvements underground new yorkais, fortement inspirés par les drag queens, à une période ou l'on tendait à l'uniformisation des sexes. Il s'agissait juste de mettre en scène sa féminité en dénonçant avec humour et de façon caricaturale les clichés féminins. Et c'est en cela que je trouve ce courant intéressant. Je déplore toujours ce que la nudité provoque. C'est affligeant. Triste même. A croire qu'une femme se dénude toujours par désespoir. Mais ne nous trompons pas. Ce qui dérange c'est qu'une femme exhibe son corps d'elle même. Tellement dérangeant que beaucoup n'y croient pas. Qu'un homme soit derrière cette entreprise serait plus tolérable. Comme quoi, une pensée féminine a émergé, la société est prête à soutenir l'égalité homme-femme, mais le monde n'est toujours pas prêt à rendre son corps aux femmes.

Il en va de même avec la pornographie, la prostitution. Je ne dis pas qu'il faut faire du porno ou la pute pour être féministe, mais que le principe fondamental du féminisme et de disposer en toute liberté de son corps et de son esprit. Il n'y a pas une mauvaise image féminine à véhiculer. Il n'y en a plus depuis longtemps parce que l'on s'en est chargé dès le début pour nous. Il nous faut juste créer les nouvelles images de la féminité et exprimer ce que nous sommes réellement en acceptant nos différences et multitudes. Parce que je n'ai jamais cru en l'éternel féminin tout comme en l'éternel masculin et que les genres sont toujours arbitraires.






samedi 5 novembre 2011

Le rêve de Diane A.


Il faisait froid et nuit. Je me disais que j'aimais bien son profil gauche. Mais la rue était toujours trop calme. J'aurai voulu m'engouffrer dans une photo de Bérénice Abbott et sentir mon visage pourfendre l'océan. La beauté c'est violent surtout lorsqu'elle est là où on ne l'attend pas. J'entendais  les sirènes mais il manquait cruellement de néons. Je voulus encore regarder son profil gauche mais elle s'évapora. Puis il y eut le rêve de Diane A. Le plancher était prêt à rompre sous les vagues. Moi non plus je n'arrivais pas à me décider entre l'image et la vie.  Un flash. Puis tout se brouilla. Mon corps tendu sur une table. La peau de mes seins tirait. C'était agréable. 

C'était le moment de voir ce qu'il y avait à l'intérieur. De moi. Ma main était froide et déterminée. Au début, je ne pu m'y résoudre. Parce qu'il n'y avait rien. Rien d'autre que ces organes et ce sang. Je ne fus rassurée que lorsque ma main atteignit mes yeux. La chute en arrière. 
Mon sexe avala mon regard. 
Et tout devint plus clair.

A ces genoux, je redécouvrais le monde. La tête posée sur ses cuisses tendres. Sa main dans mes cheveux. Sa langue nettoyait mes orbites ensanglantées tandis que j'essayais de voir ce qu'il y avait à l'intérieur d'Elle. Le miroir me noyât. Et je compris que le choix était vain.


By Diane Arbus


vendredi 28 octobre 2011

Polisse, lisse

Mélissa, Polisse


Le générique m'agace déjà. Ce n'est pas réellement un malaise que d'entendre Casimir en sachant que l'on va voir le quotidien de la BDR. Non, c'est juste facile. Mais le malaise vient de ce sentiment d'être immédiatement prise en otage avec Malonn Lévana ( toujours aussi adorable que dans Tomboy ). Le ton est donné. Nous allons voir des cas plus ou moins difficiles, des problèmes de sociétés, fouiller dans les bas fonds, etc. etc. Oui mais non en fait. Pas vraiment un film sur la police, pas vraiment de parti pris, pas vraiment de point de vue. Nous avons des femmes et des hommes policiers qui ressemblent à une colonie de vacances, nous avons des affaires sans doute assez représentatives de la réalité. Et il y a Mélissa. Mélissa et son bel appartement, Mélissa et son beau sac, Mélissa et son M8. Et c'est tout l'effet que cela me fait : la vie au travers d'un M8. Un cinéma miroir hyper naïf qui se regarde et n'en fini pas de s'étonner bêtement de voir que tout ne va pas bien dans le monde. Parce que oui, tout ne va pas bien dans le monde. Et après ? 

A défaut de réponses autant poser au moins des questions. Juste un film bobo. Pourtant je n'ai jamais rien eu contre les bourgeois. Mais les bobos, c'est encore une autre race : celle qui culpabilise d'être bourgeois. Très français en somme. A part vouloir faire pleurer le spectateur, il n'y a pas vraiment de réelles motivations ou alors elles m'ont échappées. Sortir d'un film en se demandant pourquoi le réal a voulu le faire est assez révélateur. Surtout lorsque l'on sait ô combien ce n'est pas facile de faire un film   ( oui il y a des choses beaucoup plus difficiles mais la production d'un film en France est un véritable parcours du combattant et c'est avant tout la somme d'un long travail). Mais le scénario fonctionne bien, les acteurs sont bons. Un film français. L'ancienne vague est bien installée et produit d'assez bons téléfilms. On rit, on pleure parfois. Mais c'est agaçant. Presque moralisateur. Avec des cas que nous avons tous l'habitude de connaitre tant ils ont défrayé la chronique : comme les démantèlements de camps de gitans, des mères seules et pauvres préférant se séparer de leurs enfants, etc. Oui c'est mal de perquisitionner un camp, de séparer les enfants des parents, etc. Là ça tourne vite à la franche rigolade dans le bus, avec des policiers les yeux tout pétillants et pleins de bons sentiments devant des enfants qui redeviennent vite des enfants après la peur et le choc de l'assaut. Mais je trouve cela très bobo ce côté ultra socialo défenseur de l'opprimé. Toujours pointer du doigt les inégalités, les injustices mais ne rien faire. Le monde va mal ça ne date pas d'aujourd'hui. Peut être serait il temps de changer une bonne fois pour toute son regard sur le monde. De ne plus se complaire dans une sorte de charité égocentrique et nauséabonde qui consiste à dire: " oui, vraiment c'est dégueulasse ! il y a trop de pauvres ! trop de racisme ! les sans papiers devraient avoir des papiers. Les pédophiles c'est mal" etc. etc. Mais c'est vraiment très français encore cela. Faire ou  dire les choses parce que ça fait bien, avoir le même mode de pensée ultra bobo et dire que l'on déteste les bobos. De la générosité au rabais tout au plus. Et après ?

Rien.
Même pas une mise en scène audacieuse. Même pas une photo pertinente. Juste des comédiens justes et très bons. Et Joey Starr. JOEY STARR. Le monde semble le redécouvrir. Après l'avoir dépeint comme un monstre violent et sans foi ni loi, le voilà propulsé dans le cercle très fermé des acteurs français. Si c'est pas bobo cela ?! Je m'étonne (mais ça ne devrait pas m'étonner ) que beaucoup de personnes le voyaient ainsi et que ces même personnes répètent la bouche en cul de poule : "Ah il est formidable ! tellement touchant ! Sensible !" Humain aussi non ?!!? Mais oui. Joey Starr est très bon. Aussi sincère que dans sa musique. Et ça ça fait du bien !

Mais l'on passe un bon moment, le scénario est bien construit. Nous sommes vite embarqués dans ces vies. Sauf que l'on reste en surface. A la surface de l'ancienne vague. 




mercredi 19 octobre 2011

My heart belongs to N.Y







Mieux qu'un rêve. Mieux qu'un film. La vie a toujours plus d'imagination que nous.

Sous le pont de Brooklyn. La nuit tombe. L'appel de Manhattan. Plus fort que tout. Alors on saute dans un taxi. J'étais déjà sur Broadway mais je ne le savais pas. Je ne trouvais rien d'extraordinaire à vrai dire. On traversait meatpeacking, Tribeca, Soho, Chelsea, épuisées. Et ... On déboule sur Time square. Le coeur s'emballe, orgasme ophtalmique. C'est cela l'énergie de New York, la vie qui ne s'arrête jamais. Impossible d'être fatiguée. Comme si la ville nous insufflait cet élan créateur. Un film en mieux. Avec les odeurs : différents plats de cultures différentes qui se mélangent. C'est tellement New York !

On n'arrive pas à dormir les premiers jours à cause du jet lag et de la surexcitation de la ville. Parce que l'on absorbe toute cette énergie et dormir semble vite être du temps perdu. Alors je restais plantée devant la fenêtre du salon à regarder Manhattan et me répétais que j'y étais. Mais New York c'est avant tout une expérience humaine : celle de quatre copines et de tous ces gens rencontrés. Loin des clichés des grandes villes, N.Y régénère et n'épuise pas. Si tout va très vite les gens prennent le temps de vivre et sont d'une incroyable amabilité. Tout est grand, si grand que l'on se dit très vite que tout peut devenir possible. C'est peut être cela après tout le rêve américain...

Je crois que je n'avais jamais ressenti jusqu'à lors, le fait d'appartenir au vieux continent. Parce qu'à N.Y tout est neuf. Et même si ça ne l'est pas vraiment ça le devient. Peu importe d'où tu viens, ta couleur ou ta religion, lorsque tu vis à N.Y tu es New Yorkais. Je n'ai jamais vu une ville qui rassemblait autant les gens sans aucune idée de chauvinisme.

If you can  dream it ... you can do it ! Comme aller au supermarché à minuit et rentrer en taxi, se retrouver la reine de la nuit dans un club gay avec Amanda Lepore, chanter une chanson française devant des New Yorkais en pleine soirée à Williamsburg. Et puis tous ces fous rires, le vin californien, les bed bugs, les surprises du subway, risquer sa vie en taxi, les tips, Broadway, le Village, etc. Les gens sont authentiques et pas empruntés jusque dans le style. Cette simplicité fait du bien.

Mais je pourrai parler de N.Y pendant des heures et dire que Paris est trop classique et petit. Tant que tu n'es pas allé à New York, tu diras que c'est exagéré ou je ne sais quoi. Et peu importe, au fond. Parce que le plus important est d'être bien où l'on se trouve. Et si je sens mon coeur s'emplir d'une force sauvage c'est parce que j'ai trouvé ce que j'attendais et que bientôt je me réveillerai tous les jours dans la ville qui ne dort jamais.


If I can make it there, I’d make it anywhere






jeudi 11 août 2011

Coney Island

by Eleonore Bridge



06:00am

Bouche lourde. Métallique. Le soleil me tue.
J'ai roulé toute la nuit sur le sable. Fiévreuse. 
Ton corps a le goût d'une pomme d'amour. 
Face caméra. Je cours au milieu des magasins aux stores baissés. 
Le long de la palissade.
Le bois craque sous mes pieds. Ta main sur ma cheville.
Sur le sable. Encore. Toujours.           Toujours.
Ta langue sur mon cou. Tête tranchée.
Je l'ai jetée très loin devant moi. Pour que le sable l'aspire, ma tête.
J'ai trouvé la bague de Léonard et l'ai avalée. Parce qu'elle n'aurait servi à rien.
Doigts mouillés. Ton sexe aspire ma peau. Rongée jusqu'à l'os. 
Je vais regagner Manhattan à la nage.
Nue et dégoulinante dans la ville. Marquer l'asphalte à coup de sexes affamés.
Le métro m'a ramenée à Coney Island.
                  04:00pm.
Assise dans le sable. Je ne vois que toi.
Tes mains sur mon front. Le vent balaye tes longs cheveux sur mon visage.
Bouche entrouverte. Mes dents s'emparent de ce fil trop soyeux et blond. 
Comme un grain de sable. Il ne reste plus qu'à courir dans l'océan.
Nager. Nager jusqu'à la ville. 
Loin de moi.







mardi 9 août 2011

Lettre à une jeune moi-même


8h20.

Le réveil de l' astre mort.
                                        Le sang au bout des seins.

Il faudra que tu te rappelles de cela : ça revient TOUJOURS. Lorsque cela ne sera plus ainsi tu pourras pourrir. Parce que c'est comme deux seins lourds et blancs. C'est ton coeur que tu dévores en les contemplant. Tu as tété trop tôt la mamelle interdite. Ta bouche a de l'encre séchée. Noire. Parce que c'est mieux que bleue. Des candélabres et un aigle. Tu n'avais besoin que de cela. Mais c'était comment ? Comme regarder ta photo enfant et ne plus te rappeler que c'était toi. Peut être que tu ne te regardais pas assez ? Il faudrait que rien ne nous échappe.     Certainement pas ! 

Deux seins lourds et blancs. Ca ne s'invente pas. Tu croyais qu'on pouvait tuer le temps. Ils t'ont dit que ce n'était pas possible. Alors tu l'as figé. C'est un peu de ton sang dans un globe de mariée. Jambes entrouvertes. Des petits yeux de verre ronds et bleus s'échappant d'un sexe rose. Ah il se passe des choses incroyables entre mes cuisses ! Le coeur de mon monstre. C'est parce que je m'arrache les yeux souvent. Ils s'accommodent trop facilement de ce qu'ils voient. Ce qu'il faut c'est un sang neuf. Constamment. Alors je les engloutis. Ils peuvent visiter ce qu'il y a à l'intérieur. Et lorsqu'ils ont sondé mes tréfonds je les extirpe de mon sexe et les replace. Neufs. Pour un temps seulement. Parce que même nue, ma peau est une tunique de Nessus que les assauts de Prométhée n'ont pas suffit à calmer. Je me souviens encore de son torse de marbre. Mes doigts jouant avec ses boucles le long de sa nuque. Je me cramponnais à ses épaules à chaque fois qu'il s'enfonçait dans mon sexe visionnaire. Et je baisais le corps de Méduse avec ferveur. A la lueur des bougies ma tête se renversait dans la mer. Tentacules gluantes. A chaque fois mes seins étaient brûlés. La pieuvre m'attirait vers elle. Et je m'endormais nue dans ses bras. 
Nager sous l'eau. Tu te souviendras mieux à présent. Le temps ne dure qu'une seconde. Il faudra que tu sois cette seconde. Extirpée hors de l'eau par Pégase. Accrochée à son cou. Mes cheveux battent mon dos. Tu avais raison ce n'est pas si différent. 
La fenêtre est ouverte. Des voitures passent. Pneus sur l'asphalte. Mais j'entends les vagues. C'est la pellicule qui m'étrangle. Je tombe en arrière. La tête contre le plancher. Mon sang se répand. L'oeil de mon sexe scrute l'aigle qui se désaltère de mon vin éthéré. Et je ris doucement.

lundi 11 juillet 2011

La monstrueuse beauté

Le double, Irina Ionesco

C'est comme marcher nue dans un bois la nuit. Avec des regards sur vous. NUE. L'envie au bout des seins. 

Non, je ne pense pas qu'enfanter soit naturel. On nous le dit seulement. Parce qu'il y a la vie. Alors on la donne. Je n'ai jamais voulu donner la vie parce que je préfère l'inventer. La sublimer. Comme un monstre. Je sais la souffrance d'Eva mais je comprends Irina. Donner la vie naturellement c'est encore trop passif, trop féminin, trop évident, trop animal. Alors elle l'a inventée de toutes pièces. Monstrueuse Beauté. Pas seulement égoïste. Parée dans une sanglante lumière. Le noir n'existe plus. L'angoisse non plus. Un instant. L'illusoire vertigineux contrôle de la vie. Car il s'agit de mise en scène. Diriger. Organiser l'ordre à partir de son néant. C'est monstrueux de créer mais c'est bandant.

Alors je marche nue dans un bois la nuit. Avec des regards posés sur moi. Ils deviennent baisers et caresses. La pellicule glisse entre mes jambes. Au milieu du sang et de la lumière. Mes créatures me suivent se cramponnant au négatif. Tout de suite, un bois la nuit, ainsi, parait moins effrayant. Mon vagin est un troisième oeil. Un monstrueux monde qui ne laissera que cette trace là.
Répétant inlassablement : "L'érotisme c'est la vie, le contraire de la mort". I.I 








mercredi 6 juillet 2011

Two lovers




Paris.
Mais je pense à Brooklyn. 
Ses yeux. Mais il y a ton regard. Même si je ne m'en souviens plus. 
Le métro s'en va. Etendue sur le sable dans le Lavandou. Non, toujours à Paris. 
Juillet. Je regarde la date. 6. Le vieux port. Non, je ne savais pas. Facétieuse mémoire. Je croyais avoir oublié. Mais non. 6 ou 7. Cri aphone. Sète. Valse sur le balcon. 
La fièvre. le bruit des vagues. Lèvres salées.
Le Bosphore. 
J'aurai du oublier.
Parce que UN c'est déjà trop. Two lovers. Après ce n'est pas pareil. 
La salle s'était rallumée. je pleurais et me demandais si c'était ça grandir : choisir le raisonnable. J'étais sur le quai du métro. St Lazare. Non, encore dans ce compartiment entre Montpellier et Marseille, jupe retroussée. Ton souffle dans mon cou. Tes bras autour de mes hanches. Et je rêvais peut être de Paris. Ou d'elle.




samedi 28 mai 2011

Cinecittà

Rome, Cinecittà.
21 mai 2011




25 ou 26 °. Le coeur qui bat. Le cinéma comme une religion. Encore. Toujours.  Trop de films, trop de noms mais je n'en ai qu'un à la bouche : Le Mépris. Sans doute pas celui auquel on s'attendrait. Je regarde il Teatro Uno. On ne peut pas y pénétrer mais ... Je sais. Je sais les lumières, la caméra, l'odeur du cinéma, les électros. Mon coeur qui bat. Encore. Toujours.



La salle de rushs. Installée dans ce club qui m'enveloppe. On parle italien. Tandis qu'il y a Claudia Cardinale à l'écran je me dis que ça serait bien de voir un de mes films ici. Bientôt. C'est rassurant une salle de cinéma. Je suis bien. A côté Fellini. La robe d'Anita Ekberg. Que je touche. Parce que je ne peux pas faire autrement. Une vrai robe de cinéma. Sombre et lumineuse. L'essence même du cinéma. Si je ferme les yeux je sens la douceur de l'étole au bout de mes doigts. Encore. Toujours.



Dehors les décors de Gangs of New York. Marcher dans un décor de cinéma. Sous le soleil. C'est grand Cinecittà. Et calme. Ca sent bon. A l'ombre des grands pins. Je voudrais qu'ils parlent. Comme au cinéma. C'est si calme ici. Mais j'entends un murmure. En italien. En anglais. En français. Silenzio ! Action ! Coupez ! C'est émouvant de marcher dans un décor de cinéma. De voir le sérieux avec lequel cette illusion a été réalisée. Et d'y croire. Malgré l'envers du décor. Les grands pins. Ces milliers de bouts de bois tenant ces façades si fines qu'elles pourraient s'écrouler au moindre vent capricieux. Et cependant ils sont toujours là, grands, solides, lumineux. Comme des souvenirs.






Je m'écarte un peu du groupe.
                                               La voiture démarre. 

 "Camille ! " Je l'entends. Je vois Paul qui court perdu dans les décors. " Camille !" La voiture rouge qui disparait très vite. La musique. Mon coeur qui bat. Encore. Toujours. L'herbe sous les pavés. Le soleil. Les grands pins. " Camille ! " La musique. Ton visage. Le soleil. La musique. C'est ton nom que je crie. Malgré moi. Encore. Toujours. " Camille ! " Mais si je cours dans ces décors je ne te rattraperai jamais. Encore. Toujours. Le soleil. Ta bouche. La musique. Tes yeux trop clairs. Ta voix trop chaude. Comme le soleil de Rome. La musique. " Camille ! " Le soleil. Ta peau. Courir plus vite. Le vent glisse sur mon visage. Le soleil disparait subitement. Comme au cinéma.

Je marche dans un grand couloir noir. Les murs sont des miroirs. Au sol des scènes de films. Ou de ma vie. Je ne sais plus. je n'ai jamais su. Mais je marche entourée de cinéma. Dans le noir. "Paul !"La musique. Les images. Je pleure. Je crois pleurer. La musique. "Camille". Les miroirs. Rome. Le cinéma. Tes yeux. Encore. Toujours.



Rome. Cinecittà.
21 mai 2011.



La Femme Cinéma




dimanche 24 avril 2011

Colette et les autres






Il se retrouvait tout seul devant la télé avec les parents de Colette. Il l'aimait d'un amour romantique. Mais pas elle. Colette, Anna, Alise, Regina, Nelly et les autres. 

Ce fut Colette évidement qui attira mon attention sur elle. Cette voix, cette inflexion nonchalante, douce et grave. Ce bleu pur et rêveur. Elle faisait partie de ces femmes qu'on oublie pas. Mieux encore qui vous inspirent. Malgré elle. La véritable beauté est celle qui s'ignore. Je me souviens d'une interview de Téchiné qui expliquait son amour pour Marie France, de son désir de travailler avec elle. Alors il lui avait écrit un rôle  dans Souvenirs d'en France. C'est ce qu'on fait au cinéma lorsqu'on aime quelqu'un, on lui écrit un rôle. Je me dis bêtement qu'elle ne saura jamais que je l'aime. Qu'elle va me manquer. Que j'aurais tant voulu travailler avec elle. Que le temps passe vite. Que les dimanches sont encore plus tristes à présent. Que c'est jeune tout de même 66 ans pour partir...

Et je me retrouve toute seule devant mon écran sans Colette et les autres en écoutant Natascia en me disant qu'il n'y a pas beaucoup de visage avec une promesse de beauté encore plus grande que la beauté même. Je pense à son corps retrouvé dans la piscine. Une vraie mort de cinéma. Mais une vraie mort tout de même. Et ça c'est con.


Marie France Pisier

mercredi 13 avril 2011

On ne meurt d'amour qu'au cinéma ...








C'est comme écouter une chanson dans une langue que l'on ne connait pas. Mais qui nous touche. Au plus profond. Sans raison. Ralenti. Arrogance. Force. Il y a des nuits dont on ne se remet pas. Jamais peut être. On ne peut jamais savoir. Et c'est bien mieux ainsi.

Au plus profond de l'âme. Coeur amorphe. Sang pourri. Un souvenir de trop. Ou pas assez. Jamais assez. Sauf une fois de trop. Alors c'est cela l'oubli ? Ecouter une chanson sans interruption, pendant des heures, des jours et soudain ... on ne l'aime plus. Elle ne nous transperce plus, on peut vivre sans le besoin de l'écouter. Et très vite on oublie le goût de sa peau. Tes yeux. Ta bouche. Plus rien. Même les plus jolis souvenirs. Jusqu'à ce qu'une nuit les pleurs brulent la peau. Mais comme un souvenir. Pas une violente passion. Juste une image. Parce qu'on ne meurt d'amour qu'au cinéma.






Et c'est bien mieux ainsi.



mercredi 30 mars 2011

Le temps sans temps

Listen :  
http://www.deezer.com/fr/music/result/all/julien%20doré%20bergman#music/result/all/julien%20doré%20bergman




Cheveux mouillés. J'aurais pu rester des heures à la regarder. Mais ne suis passée que 21 secondes. Le temps de l'amour. Le temps de la vie. Le temps de l'oubli. Et je n'aime pas le temps. 


J'ai longtemps cru qu'il me fallait choisir entre la vie et le cinéma, que la première trahissait fatalement l'autre. Tout est une question de Psyché et de temps. Je me souviens de cette phrase de Catherine D. disant qu'elle aurait pu rester endormie très longtemps s'il n'y avait pas eu le cinéma. Moi je n'aurais jamais existé. Et l'existence est plus importante que la vie. Définitivement. Mais l'image ne peut elle pas pour autant nous faire accéder à l'Être ? N'est ce pas l'image de nous même qui constitue la conscience de soi ? Le cinéma est un certain reflet de la vie. On pense souvent que la vie est mieux au cinéma. Il s'y passe des choses horribles aussi ! Ce n'est pas la vie qui y est mieux mais le temps. Le temps n'est pas le même : il ne tient compte que du nécessaire. Oui, le néant n'existe pas au cinéma ( dans une certaine idée du cinéma ! ) et c'est l'absence de cette angoisse qui rend le temps cinématographique plus désirable. Parce qu'il s'agit d'un instant de vie, que l'on pourra saisir sans une insupportable attente, dans sa globalité. Dans la vie les choses et leur compréhension sont plus lentes. Quelque fois interminables. J'ai longtemps cru que je n'aimais pas la vie lui préférant le cinéma. Mais non. C'est le temps que je n'aime pas. Je fais du cinéma pour échapper au temps et avoir l'illusion de le dompter à défaut de boire de l'ambroisie.


Du sang séché au bord du rêve

Marie France Pisier







Gus Van Sant
Vivien Leigh


Sandrine Kiberlain

Adrien Brody

Anna Karina

Anna Mouglalis

Anne Wiazemsky

Ava Gardner

Brigitte Bardot

Bernadette Lafont

Claude Jade

Claude Sautet

Claudia Cardinale

Clément Sibony

Cyril Collard

Delphine Seyrig

Jacques Demy

Diane Kurys


Kristen Dunst

Catherine Deneuve

Faye Dunaway

Françoise Fabian

Gena Rowlands

Hélène Fillières

Jean Luc Godard

Jean Pierre Léaud

Jeremy Irons

Kenneth Anger

Kim Novak

Robert Bresson

Laetitia Masson

Maria Casares

Anna Magnani

Michel Piccoli

Nicole Courcel

Jacques Perrin

Pier Paolo Pasolini

River Phoenix

Romy Schneider

Stephane Audran

François Truffaut

Jean Cocteau
Zara Leander