dimanche 24 avril 2011

Colette et les autres






Il se retrouvait tout seul devant la télé avec les parents de Colette. Il l'aimait d'un amour romantique. Mais pas elle. Colette, Anna, Alise, Regina, Nelly et les autres. 

Ce fut Colette évidement qui attira mon attention sur elle. Cette voix, cette inflexion nonchalante, douce et grave. Ce bleu pur et rêveur. Elle faisait partie de ces femmes qu'on oublie pas. Mieux encore qui vous inspirent. Malgré elle. La véritable beauté est celle qui s'ignore. Je me souviens d'une interview de Téchiné qui expliquait son amour pour Marie France, de son désir de travailler avec elle. Alors il lui avait écrit un rôle  dans Souvenirs d'en France. C'est ce qu'on fait au cinéma lorsqu'on aime quelqu'un, on lui écrit un rôle. Je me dis bêtement qu'elle ne saura jamais que je l'aime. Qu'elle va me manquer. Que j'aurais tant voulu travailler avec elle. Que le temps passe vite. Que les dimanches sont encore plus tristes à présent. Que c'est jeune tout de même 66 ans pour partir...

Et je me retrouve toute seule devant mon écran sans Colette et les autres en écoutant Natascia en me disant qu'il n'y a pas beaucoup de visage avec une promesse de beauté encore plus grande que la beauté même. Je pense à son corps retrouvé dans la piscine. Une vraie mort de cinéma. Mais une vraie mort tout de même. Et ça c'est con.


Marie France Pisier

mercredi 13 avril 2011

On ne meurt d'amour qu'au cinéma ...








C'est comme écouter une chanson dans une langue que l'on ne connait pas. Mais qui nous touche. Au plus profond. Sans raison. Ralenti. Arrogance. Force. Il y a des nuits dont on ne se remet pas. Jamais peut être. On ne peut jamais savoir. Et c'est bien mieux ainsi.

Au plus profond de l'âme. Coeur amorphe. Sang pourri. Un souvenir de trop. Ou pas assez. Jamais assez. Sauf une fois de trop. Alors c'est cela l'oubli ? Ecouter une chanson sans interruption, pendant des heures, des jours et soudain ... on ne l'aime plus. Elle ne nous transperce plus, on peut vivre sans le besoin de l'écouter. Et très vite on oublie le goût de sa peau. Tes yeux. Ta bouche. Plus rien. Même les plus jolis souvenirs. Jusqu'à ce qu'une nuit les pleurs brulent la peau. Mais comme un souvenir. Pas une violente passion. Juste une image. Parce qu'on ne meurt d'amour qu'au cinéma.






Et c'est bien mieux ainsi.