samedi 5 novembre 2011

Le rêve de Diane A.


Il faisait froid et nuit. Je me disais que j'aimais bien son profil gauche. Mais la rue était toujours trop calme. J'aurai voulu m'engouffrer dans une photo de Bérénice Abbott et sentir mon visage pourfendre l'océan. La beauté c'est violent surtout lorsqu'elle est là où on ne l'attend pas. J'entendais  les sirènes mais il manquait cruellement de néons. Je voulus encore regarder son profil gauche mais elle s'évapora. Puis il y eut le rêve de Diane A. Le plancher était prêt à rompre sous les vagues. Moi non plus je n'arrivais pas à me décider entre l'image et la vie.  Un flash. Puis tout se brouilla. Mon corps tendu sur une table. La peau de mes seins tirait. C'était agréable. 

C'était le moment de voir ce qu'il y avait à l'intérieur. De moi. Ma main était froide et déterminée. Au début, je ne pu m'y résoudre. Parce qu'il n'y avait rien. Rien d'autre que ces organes et ce sang. Je ne fus rassurée que lorsque ma main atteignit mes yeux. La chute en arrière. 
Mon sexe avala mon regard. 
Et tout devint plus clair.

A ces genoux, je redécouvrais le monde. La tête posée sur ses cuisses tendres. Sa main dans mes cheveux. Sa langue nettoyait mes orbites ensanglantées tandis que j'essayais de voir ce qu'il y avait à l'intérieur d'Elle. Le miroir me noyât. Et je compris que le choix était vain.


By Diane Arbus