samedi 25 février 2012

AVE CESARS, le cinéma qui meurt te salue

" Mais les cinéastes étrangers nous rappellent que le monde entier envie notre cinéma. Sa richesse, sa liberté justement et sa diversité. La singularité de notre cinéma et son audace lui permettent aussi de rayonner  au delà, bien au delà de nos frontières et chaque année il fait partager notre richesse culturelle au monde entier. " 
Discours d'ouverture de la 37 ème cérémonie des césars de G. Canet

Rien de très étonnant dans les nominations et les résultats. Mais ce qui est le plus révoltant est cette certaine tendance du cinéma français à se regarder, s'admirer et se masturber à outrance pour rien. Si l'audace se résume à prendre des acteurs bankables, des enfants en otage et toute la misère du monde afin de néantiser toute créativité alors oui ce piètre cinéma est audacieux. Mais c'est dommage. 

La nouvelle vague n'aura servie à rien. C'est comme retourner à St Germain maintenant. Et la nouvelle vague est bien loin derrière. Faut il réellement se réjouir que ce cinéma là fasse de bonnes entrées ? Ave césars, le cinéma qui meurt te salue. Le cinéma français est devenue une Rome antique dont les arènes se remplissent parce que le peuple a baissé les bras. C'est inadmissible de se contenter de ces films là aujourd'hui et de les amalgamer à la nouvelle vague. Non, c'est un sacrilège ! C'est le renouveau de la médiocrité, rien de plus. Mais ce vieux pays qui ne se remet guère en question a la société et cinéma qu'il mérite. Reste à savoir combien de temps cela va t'il encore durer.

Il est grandement temps de repenser le mode de financement du cinéma français si l'on veut vraiment garder cette diversité et liberté. Il faut oser la différence de la production actuelle française avant tout, avant de penser au reste du monde. Et j'en ai marre de cette certaine tendance parisienne artistique à se croire supérieure. C'est marrant tout de même, on a souvent reproché aux césars de ne jamais récompenser le succès public. Maintenant que c'est le cas, certains vont dire que c'est devenu n'importe quoi. Les gens ne savent pas ce qu'ils veulent. Mais les césars ne sont pas là pour récompenser les succès publics, ils sont censés représentés les votes de la profession. Le cinéma n'est pas devenu n'importe quoi à cause des césars, ou de la télé. Il est devenu n'importe quoi parce que c'est un cinéma vieillissant et un mode de production périmé. Le CNC a su veiller, à une certaine période donnée, à la survie du cinéma français. Enfin, une partie du cinéma français. Mais à quoi veille t'il à présent si ce n'est à un cinéma mal éclairé et avec une certaine empathie sociale des plus douteuses ?

Ca me fait rire d'entendre que certains producteurs ou réalisateurs ont pris des risques avec un film. Comme si c'était une chose exceptionnelle. Mais créer doit toujours être un risque. Sinon on ne fait que contempler son reflet dans le miroir. Créer un autre soi-même ne rime à rien. Créer quelque chose de différent et  perfectible c'est ce à quoi sont supposés tendre les artistes. C'est comme certains comédiens qui déclarent avoir eu un rôle vraiment difficile, avoir eu du temps à s'en remettre, etc. Oui, notre métier fonctionne en grande partie avec l'affect et nos rapports professionnels favorisent l'exacerbation des émotions. Mais tout de même, il faut arrêter ! Nous savons bien qu'en faisant ce métier nous sommes privilégiés même si c'est un métier à part entière et qu'il comporte des difficultés. Mais des difficultés d'un autre niveau que l'ouvrier qui va pointer tous les matins à sept heures à l'usine avec un salaire et des conditions de travail misérables. Alors oui, on a tous connu des tournages pourris avec des gens infâmes, une régie de merde , etc. Mais on a choisi un métier qui nous plait. Et ça n'a pas de prix. On oublie souvent et très vite qu'un tournage ce n'est pas la vraie vie. Et c'est le mode même de fonctionnent et la production qui favorisent la déconnection avec la réalité vécue par le plus grand nombre. Mais cela est encore un autre débat.

Je ne rentrerai pas dans le débat "Omar Sy". Parce qu'il ne mène à rien. Ou on parle de cinéma. Ou on parle de politique. Et prendre en otage son césar de meilleur acteur ne fait qu'alimenter les tentions sociales actuelles et renforcer le racisme latent.  Je n'avais aucune préférence parce que je ne me retrouve tout simplement pas parmi les nominés. Et ce dans toutes les catégories. Non, c'est faux. Le seul césar que j'espérais était celui du meilleur costume pour C. Baba. Mais ça le grand public s'en fout du meilleur costume ou du meilleur son et ces césars là ne font jamais très grande polémique. Alors on fait semblant que tout va bien, on fait encore du mauvais cinéma devant la télé et tout le monde s'en va presque content. Et tout reste bien en ordre et bien lisse.

Le cinéma français se retrouve comme Doinel à la fin des quatre cents coups : face à la liberté et au champs des possibles. Après, tout est une question de choix...