dimanche 19 octobre 2014

Rinascita



à écouter : Vado a morir


Mon corps est une tragédie.
Mon âme un champs de bataille.
J'ai senti mon sang éclater au bout de chacun de mes membres, la fièvre comme une promesse. Mais je ne le savais pas encore. Encore un jour qui se lève. Un voile qui tombe. La vague qui heurte ma poitrine. Tête la première. Au fond de la Méditerranée. Bruit sourd. La musique du silence. Lumière sombre.
Un rayon de soleil transperce la surface. Et puis la respiration qui s'accélère. Bulles autour de la peau. Des lèvres. Ca me brulerait presque. Les pieds qui taclent le sable. Alors le corps est propulsé vers le soleil.
Lentement. Calmement.
Une tentacule m'a effleurée. Entortillée autour de mon bras gauche. Ventouses sur mon sein.

 Dessous mon coeur qui me crie que mon corps est une tragédie. Mon âme un champs de bataille.

Ta main sur mes cheveux. Tes longs cheveux blonds me lassèrent. L'étreinte qui n'en finit pas une dernière fois. Une dernière fois et puis Rien.
Rien que le soleil qui brûle. Et puis ...

Et puis c'est la tête qui jaillit, l'air qui corrompt les poumons. Le regard neuf. Le sel qui irrite les pupilles. les stigmates des ventouses sur le coeur. Les voix chères parce qu'en bas on n'entend plus rien. Ta main qui caresse mes cheveux trempés dans l' ultime souvenir de la pathétique mourante.
L'eau glisse sur ma peau. Je tombe sur le sable. Exténuée. Délivrée. Haletante.
La tragédie évanouie sur ce rocher.
Les jambes entrouvertes.
C'était alors ça mon corps.
Des petits yeux de verre glissent de ma fente. Une multitude de petits soldats. Humides et triomphants.
Je souris. Légère. Neuve. Vierge.
Mon corps est un hymne. Mon âme une voie lactée.
Et je sens mon sang irradier chacun de mes atomes. Le calme comme une certitude.
Mais je ne le sais pas encore.