lundi 28 février 2011

L'envie

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce ne sont pas les réalisatrices ou réalisateurs qui m'ont donnée envie de faire ce métier avant toute chose. Mais les comédiennes. Femmes fortes, fascinantes, intemporelles. Dans la nuit américaine Alphonse se demande si les femmes sont magiques. Ce sont les comédiennes qui le sont.  

En tant que femme, il y a forcément un phénomène d'identification qui s'opère. Je me suis récemment posée la question de savoir pourquoi elles m'avaient autant fascinée. En y réfléchissant bien, je ne m'étais construite jusque là qu'avec des modèles masculins surtout dans la littérature et le cinéma. Je pense que pour la première fois, je compris qu'être une femme ça pouvait être aussi cela. Oui pour une fois j'avais une représentation de femme dans laquelle je pouvais m'identifier et qui me convenait.C'est donc bien dans le cinéma que j'ai pu aussi me construire en tant que femme. Finalement l'art qui a donné le plus la parole aux femmes, celui où elles se sont le plus exprimées aussi c'est le cinéma. Le cinéma est résolument un art féminin ! J'allais voir les films pour les comédiennes au début. C'est sans doute pour cela aussi que j'aime autant Truffaut... Elles m'ont tout appris en somme : des heures à les regarder, les voir jouer, parler de leur métiers, de la direction d'acteur. C'est peut être même pour cela que j'ai voulu réaliser au début : être proche d'elles. 

J'ai appris plus tard à quel point point elles pouvaient être fragiles et exposées. Tout est religieux dans le cinéma au fond. De la création au sacrifice. Sacrifice que les comédiens acceptent. Il n'y a pas de manipulation là dedans mais plutôt un accord tacite entre le metteur en scène et ses comédiens. Le rêve incarné en chair et en sang : l'ultime récompense, l'orgasme le plus jouissif. Mais les comédiennes encore une fois n'ont pas le même statut que les comédiens du fait même que ce sont des femmes. On ne pardonne jamais à une femme de ne pas être jolie, encore moins à une comédienne, ni de vieillir par exemple. Sacrifice d'autant plus grand puisqu'elles se retrouvent sur le devant, beaucoup plus observées que le metteur en scène, beaucoup plus déshumanisées aussi. Femmes ou images ? La confusion est si dévastatrice. 

Catherine Deneuve
Lorsque l'on fait ce métier on doute constamment. A 20 ans je traversais une période de doutes assez intense, la philosophie éclipsa un moment le cinéma. Je crois qu'à cette période je n'avais plus envie de cinéma. Et c'était terrible. Et il y eu le 1er novembre 1998. Catherine Deneuve. Place Vendôme. En la voyant je sus à nouveau ce pour quoi j'étais faite : elle venait de me redonner envie d'avoir envie. Cette femme m'a quasiment faite renaitre à nouveau et compléta mon éducation cinématographique. Je découvris les réalisateurs avec lesquels elle avait tourné, puis leur films, etc. Elle n'est pas la seule même si elle demeure pour moi l'Actrice et beaucoup d'autres ont exercées une influence sur ma vie de femme et de réalisatrice. Il y a celles avec qui je ne tournerais jamais parce que déjà parties. Celles avec qui je dois tourner avant de mourir. Celles que je ne connais pas encore mais qui me tarde de découvrir et donner envie d'avoir envie à d'autres que moi...


Gena Rowlands
Romy Schneider
Vivien Leigh
Ava Gardner

Natalie Portman

2 commentaires:

  1. Bel hommage à Catherine Deneuve qui aimerait lire ces lignes, aux femmes, et bien sûr aux actrices. Celles que tu cites font toutes partie de mon panthéon. J'ajouterai Lauren Bacall à qui l'on pardonne, je l'espère, de vieillir, au nom des autres... ♥

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  2. Il y en a tant et tant connues et moins connues. D'autres lignes à écrire !!!

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